lundi 25 juillet 2011

Ma promesse...

Les gens qui me connaissent bien le savent: il n'y a pas grand chose qui m'émeut réellement, qui me fait ressentir de l'empathie. Je suis comme ça, un peu distante quand les choses ne me touchent pas personnellement. Par contre, il y a un fléau de la société qui me bouleverse à chaque fois, même quand c'est plus loin de moi. Un acte qui m'atteint, si on exclu la violence faite aux enfants et aux animaux (parce que là, il faut vraiment être débile pour être insensible à ça!!) c'est le suicide. Ce geste, que je ne peux ni définir de "lâche", ni de "courageux". Cette dernière décision qu'une personne prend, pensant être la seule solution à un mal qui lui est propre.

J'ai le jugement facile. Je suis un tantinet "ti-Jos-connaissante", j'ai une opinion sur à peu près tout mais le suicide, ça, je ne juge pas. Chaque personne qui a abrégé ses jours avait sa raison, qu'on la croit bonne ou mauvaise. Souvent, le désarroi d'une personne nous apparaît anodin mais qui peut savoir si pour cette dernière, ce n'est pas l'Éverest à surmonter? Non, ça, ça n'appartient qu'a la personne qui pose le geste.

Dans la vie, peu de gens peuvent se vanter de me laisser coite et sidérée. Je ne perds jamais (ou presque) mes moyens. Mais quand j'apprends qu'un être, quel qu'il soit, commet l'irréparable, qu'il prend les grands moyens pour finir sa vie, je suis sans mot. Ça ne me rend pas triste... Ça me désole! Je me demande à quel moment la personne a pris la décision fatidique, quelles furent ses dernières pensées, dans quel état était-elle avant de poser son geste. C'est une facette de l'humain qui me surprend à chaque fois.

Ceci étant dit, que peut-on faire pour essayer de faire comprendre au monde que ce n'est pas la bonne solution? Je ne suis ni docteur, ni psy. Je ne suis pas la meilleure oreille qui soit, je n'ai pas toujours les paroles douces... Je ne suis même pas une amie "parfaite" la plupart du temps. Alors? Dans toute mon imperfection, que puis-je faire pour "aider", pour faire ma part afin de faire une différence? Voici ma promesse...

Je fais la promesse d'être disponible pour quiconque aura besoin de moi, dans un moment de détresse. Que ce soit pour un ami proche ou pour une simple connaissance, que ce soit pour une fréquentation courante ou un parfait inconnu, que ce soit en personne ou via un courriel, que ce soit à midi ou à minuit, j'ai envie de promettre publiquement que je serai là. À partir d'aujourd'hui, je promets d'essayer d'aider mon prochain quand il voudra s'enlever la vie. Je ne garantis pas les résultats, je ne sais pas si je trouverai les bons mots mais je promets d'essayer fort fort.

Je n'ai jamais été forte sur les "missions" que les gens se donnent dans la vie. Je ne suis pas une âme charitable et je ne désire pas le devenir non plus. Sans coeur, vous direz? Peut-être... Mais pour éviter qu'on m'annonce, pour la troisième fois en 9 mois, qu'une connaissance a mis fin à ses jours, je suis prête à tenir ma promesse. Ça ne sert à rien, le suicide, je ne suis pas capable. Dans les 10 ou 15 dernières années, le suicide a été LA raison principale quand j'apprenais le décès d'un ami, le départ de la fille de Untel ou la mort du ti-cul avec qui j'allais à l'école élémentaire. Et que je connaisse la personne ou que cette dernière ne soit qu'un vague souvenir d'une histoire d'un soir, l'effet est le même; je reste sans voix.

Alors sachez, chers lecteurs, que qui que vous soyez, un grand ami ou un parfait étranger, si un jour, le désespoir frappe à votre porte, la mienne sera ouverte. Si, par un moment de pure tristesse, vous ne voyez aucune autre solution qu'un noeud coulant ou un ti-pot de pilules, sachez que je vous promets d'être là... Juste là. Et que pour une fois, je ne parlerai pas. Je ne donnerai pas de conseil. Je ne porterai pas de jugement. Mais je détacherai la corde et je jetterai les médicaments. Et je ferai tout ce que je peux pour vous mener aux bonnes ressources. C'est ma promesse!

Karine-encore-abasourdie

En terminant, dans la vie, il y a des choses qui manquent de classe... Des paroles qui manquent de délicatesse... Des gens qui manquent de respect. Et l'une d'entre elles est de parler de ses propres tentatives de suicide ou d'essayer de "plugger" qu'on a déjà "à peu près pensé à peut-être s'ouvrir les veines avec un couteau à beurre" afin d'attirer l'attention quand une famille ou des amis sont réellement éprouvés par le suicide d'un proche. Soyez intelligent et détachez vous de votre petite personne. Presque tout le monde a déjà, à différents niveaux, pensé au suicide. On a tous eu des moments de misère et de désarroi. Mais est-ce vraiment le moment de sortir son égocentrisme flagrant? Come on.... À bon entendeur, salut!

mardi 5 juillet 2011

Quand la monstruosité a un visage...

Il était inconcevable pour moi de rester sans dire un mot face à cette vague d'émotivité et de gérance d'estrade suite à l'annonce du verdict dans l'affaire de Guy Turcotte. Après avoir pris connaissance des opinions et des commentaires véhiculés sur certains sites de média, réseaux sociaux et lignes ouvertes, j'étais tellement abasourdie par ce que j'ai pu lire et entendre que j'étais incapable d'enligner deux mots afin de clarifier ma pensée. J'ai donc fait appel à l'être le plus intelligent que je connaisse et c'est avec une bonne partie de ses phrases que je réussi à coucher, sur "papier virtuel", ma pensée.

Au contraire de la majorité des gens aujourd'hui, ce n'est pas le verdict de non-culpabilité pour cause d'aliénation mentale qu'a reçu Guy Turcotte qui me désole mais bien ce qu'en dise ces mêmes gens. J'ai lu et entendu toutes sortes de choses qui m'ont fait sortir de mes gonds! Des phrases toute faite, entendues ici et là. Des énormités venant de gens qui n'ont pas compris grand chose de notre système juridique. Mais quand on sait que la majeure partie des Québécois ne savent même pas faire un Sudoku, comment peut-on s'attendre à ce qu'ils comprennent l'issue d'un procès tel que celui-là?

Sans entrer dans l'explication du système de justice (puisque je ne suis pas avocate!), il serait peut-être bon de réfléchir à ce qui s'est passé et aux raisons qui ont poussé le jury à rendre une telle décision. Difficile, me direz vous, de rationaliser un procès de trois mois impliquant un père qui a tué, de façon atroce, deux enfants innocents. Quiconque ayant un tant soit peu de coeur ne peu rester insensible à ces deux petits êtres qui ne sont plus parmi nous. Pour nous tous, rien ne justifie un tel geste. Devant la monstruosité de l'acte, nul ne peut rester de glace.

Par contre, si le procès avait eu une autre fin, si le verdict avait été différent, aurions nous été vraiment satisfait? Non, car devant l'incompréhensible, c'est toujours l'émotion qui l'emporte. Mais justement, il est là le point à se rappeler: l'incompréhension... Autant du geste que de ce qui s'est passé dans la tête du docteur Guy Turcotte le 20 février 2009. L'incompréhension ou plutôt l'ignorance de tous les faits, tout ce qui a été dit et analysé durant ce long procès. Ce que la majeure partie d'entre nous savons est ce qui a été rapporté par les médias. Qui de nous peut réellement poser un jugement sur les faits et gestes de Turcotte quand même un jury composé de 11 personnes a pris plusieurs jours afin d'en arriver à un accord?

Malgré tout ce que vous en pensez, ce n'était pas aux jurés d'analyser la loi. Ils se devaient d'analyser les faits et seulement les faits, grâce aux éléments de preuve et aux témoignages. Le juge, lui, leur avait donné quatre choix de verdict en analysant la loi. Le choix de déclarer l'accusé non-criminellement responsable faisait partit des options... C'est la loi! Ils ont cru les psychiatres qui disaient que Turcotte avait agi dans un moment de folie! Et si c'était vrai?

Turcotte était un père aimant et proche de ses enfants, la preuve l'a révélé. Monsieur était dépressif. Ça aussi c'est un fait. La situation était insupportable pour lui. Et soudainement, deux fils se touchent dans son cerveau! Il explose, il "pète une coche"! Vous n'y croyez pas? Que ceux qui peuvent affirmer, sans l'ombre d'un doute, que cet homme n'était pas malade se lève! Car le contraire aurait été tout aussi dramatique! S'il est vrai que cet homme est malade, fou, dépressif (ou toutes ses réponses!) et qu'il avait été reconnu coupable de meurtre au premier degré comme l'a été Stéphanie Meunier (cette marâtre qui s'est acharné sur le petit Jérémie jusqu'à ce que mort s'en suive), là il y aurait eu injustice! Les deux causes sont totalement différentes! Tucotte a-t-il vraiment besoin de faire 25 ans de prison ou a-t-il besoin de soins? Peut-on affirmer qu'il avait préparé son geste, qu'il avait planifié ses meurtres? Le jury a décidé que non.

Et si Guy Turcotte, dans un moment de pure folie, avait tué deux itinérants, au lieu de deux enfants, serait-on autant outré du verdict? Bien sûr que non! Notre émotivité part de là. Pourtant, il ne peut y avoir deux poids deux mesures. La justice se doit d'être équitable! Un être humain qui tue un autre être humain, dans un moment de démence, est non criminellement responsable. Le même humain qui tue en planifiant son crime, en souhaitant la mort de quelqu'un ardemment depuis longtemps est un meurtrier au premier degré. Que la victime soit un chérubin ou un vieillard. La même interprétation de la loi doit s'appliquer. La même analyse des faits doit se faire. Sinon cela voudrait dire que la vie d'un enfant vaut plus cher que celle d'un itinérant ou d'une prostituée, par exemple. Et c'est LÀ le danger de se laisser emporter par notre émotivité.

Je vous vois, scandalisé par le verdict et par le fait que Guy Turcotte pourrait retrouver sa liberté dans 45 jours. Premièrement, il faut savoir comment fonctionne un évaluation psychiatrique dans un endroit comme l'institut Philippe-Pinel pour conclure qu'il est peu probable que Turcotte sorte dans deux ou trois mois. Les différents psychiatres doivent s'entendre sur le fait que celui-ci n'est ni un danger pour la société ni pour lui-même avant de le laisser sortir et ça, ce n'est pas fait! De plus, ces mêmes psychiatres doivent certainement ressentir la pression sociale. Mais ce qui me surprend c'est la véhémence avec laquelle les gens se scandalisent par la fort peu probable sortie prochaine de Turcotte quand, pendant ce temps, Jean-François Harrisson, reconnu coupable d'avoir possédé ÉNORMÉMENT d'images pédophiles, incluant des très jeunes bébés se faisant agresser, sera libre comme l'air dans 9 mois. Ce même Harrisson, qui a toujours banalisé ses actes, ne reconnaissant pas sa déviance, aura purgé sa peine (sa détention préventive comptant pour le double!) et pourra aller et venir à sa guise. Qui de lui ou de Turcotte représente un plus grand danger pour la société? Est-ce que c'est Turcotte qui tuera de nouveau ou plutôt Harrisson qui succombera à ses pulsions déviantes et finira par réellement abuser d'un enfant? Pourtant, Harrison aura eu une peine de prison... Cette même prison où vous auriez voulu voir Turcotte.

Peu importe ce qu'on en dit, notre système de justice est l'un des meilleurs. Heureusement, la vengeance n'est pas admise dans une société civilisée. Imaginez le chaos! Il faut faire confiance aux lois et aux hommes qui appliquent ces lois. De toute façon, il n'y a aucun gagnant avec la justice... Il n'y a que des victimes et des bourreaux. Et il y a nous qui sommes menés par nos émotions! C'est d'ailleurs pour cela que nous n'aurions pas fait de bons jurés et que je lève mon chapeau à ces 11 personnes qui ont fait un travail colossal. Ils ont analysé des faits et en sont venu à une conclusion, en respectant les directives données par un magistrat. Bref, ils ont fait leur travail. Ils ont contribué à une justice qui, malgré tout ce qu'on en pense, a une efficacité reconnue.

Mais après toute cette histoire, que nous reste-t-il à faire? Haïr Guy Turcotte? Juger Isabelle Gaston? Vouloir s'en prendre à tous et chacun? Non... Je crois que la meilleure chose à faire est de prier. Prier pour que ces deux petits anges soient bien et en paix, là où il sont. Prier pour que chacun panse ses plaies et apprenne à vivre avec la douleur mais surtout, prier pour que plus jamais un être humain disjoncte de la sorte et pose un geste d'une telle monstruosité.

"Seigneur, donnez moi la force de comprendre l'incompréhensible"

Karine-et-Julie

p.s: Je voudrais remettre la palme d'or de la phrase la plus conne qui a été écrite sur ce sujet aujourd'hui. Une demoiselle a écrit: "Vive nos lois au Québec! Continuez à élire Charest"! Comme si Charest (ou tout autre politicien qui soit) avait un quelconque rapport dans un verdict tel que celui là! Une grosse main d'applaudissement à une fille qui, premièrement, parle à travers son chapeau et qui devrait réellement retourner faire ses devoirs quant à sa culture judiciaire et politique! Bordel!