jeudi 1 décembre 2011

De moi à toi...


Je vais te parler à toi directement. Oui, à toi, qui est prit dans l’adolescence, qui vit des moments parfois difficiles et parfois euphoriques. Toi, qui change autant physiquement qu’émotionnellement. Toi qui, souvent, ne se comprends plus! Pas facile hein?

La raison pour laquelle je m’adresse directement à toi c’est que j’ai l’impression que tes parents ne «load» pas! Même si j’essayais de leur faire comprendre mon opinion, ça ne passerait pas. Que
veux-tu? Tu es fils ou fille d’un membre en règle de la génération X. Tu as 14, 15 ou 16 ans et tu fais partit de ce qu’on appelle « les enfants-rois ».

Ton père et ta mère ont été élevé par des parents plutôt durs, dans des familles où la discipline était de mise. Pas trop fort sur la psychologie de l’enfance, tes grands-parents! De toute façon, ils n’avaient pas le temps. Ton grand-père travaillait et ta grand-mère avait souvent plusieurs enfants à s’occuper. Pas le temps de comprendre les états d’âme de sa progéniture en crise d’adolescence. Quand tu es né, tes parents ont fait le pacte de ne pas te faire subir la même chose. Ils seraient à l’écoute de tes nombreux besoins, ne brimeraient pas ta liberté mais SURTOUT, ils n’useraient pas de discipline excessive afin de t’éviter de nombreux traumatismes. Ce qu’ils n’avaient pas prévu, c’est que tous les autres parents de leur génération feraient la même chose. Ce qui a donné une cohorte d’enfants de ton âge qui grandissaient en se faisant expliquer les grandes lignes de la vie à un âge où une bonne punition aurait
fait l’affaire. Comme plusieurs de tes amis, on t’a mis à l’avant-plan, on t’a donné la priorité absolue, on a répondu à plusieurs de tes caprices, on n’a pas balisé ton comportement ni guidé dans
ce que tu pouvais et ne pouvais pas faire. On t’a laissé LIBRE. On ne t’a pas puni quand tu mordais les autres enfants, on ne t’a pas reprit quand tu répondais de façon insolente et on n’a pas levé le ton quand tu faisais une crise en plein magasin parce qu’on t’avait refusé ton 62ième jouet de la journée. Noooonnnnn…. On t’a expliqué, re-expliqué et re-re-expliqué les choses. On t’a parlé comme à un adulte car c’était la mode psycho-pop de l’époque.

Si on ajoute à cela que tu dois faire certainement partit des 52% d’enfants provenant d’union séparée, que tu as été « barouetté » entre deux maisons et que tu as été élevé en majorité par les éducateurs des services de garde, pas surprenant que tes parents te passaient plusieurs de tes caprices et n’osaient pas te dire non. Un parent, ça se sent coupable très vite! Mais ça, tu le sais déjà puisque tu as souvent profité de ce sentiment de culpabilité pour arriver à tes fins. En bref, tu n’as pas souvent connu
la frustration, la discipline ni la satisfaction qu’apporte l’effort d’accomplir quelque chose puisque tu as eu tout cru dans le bec! Et aujourd’hui, avec tous les changements de fou qui se trament dans ton corps et dans ta tête, on se demande pourquoi tu as de la difficulté à te retrouver dans cette société et pourquoi tu commets des actes répréhensibles tel que l’intimidation? Bin voyons!

Loin de moi l’idée de te mettre tout le problème sur le dos. Que tu sois l’intimidé ou le « bully », je trouve cela complètement déraisonnable qu’on s’en prenne à toi. Car vois-tu, même si tu te penses «grand» et mature, tu n’es encore qu’un enfant! Bon… un adulte en devenir, je te l’accorde, mais il te reste quand même une foule de chose à assimiler. Spécialement concernant ta personnalité. Et c’est pour cette raison que c’est le « job » de tes parents de te guider jusqu’à l’âge adulte. Et ce « job » là, il commence dès ta naissance!

Tu sais, je suis également une maman. Bon, ma fille a tout juste 18 mois mais déjà, je dois faire mon travail de mère! Je dois l’aimer, la bercer, en prendre soin… Mais je dois également punir ses mauvais comportements, lui dire NON quand c’est requis et souvent, me piler sur le cœur pour sévir quand je sens qu’elle dépasse les bornes! Je dois veiller à ce qu’elle comprenne, dès son plus jeune âge, que dans la vie, on ne peut tout avoir, qu’il faut apprendre à « dealer » avec la frustration et qu’il y a des
comportements qui sont inacceptables.  Bien sûr, ce n’est pas évident! Mais mon but, c’est de lui donner tous les outils nécessaires pour passer au travers de la vie sans trop souffrir.

Par contre, si ma fille devient un jour une intimidatrice, une p’tite « maudite » qui s’amuse à faire souffrir les autres, je peux te garantir que je ne resterai pas une gentille maman qui explique de long
en large que ce n’est pas bien de faire ça! Battre une autre ado, remplir son Facebook de vacheries ou la traiter de tous les noms, ce n’est pas une attitude que j’endosse. Laisse moi te dire que je saurais ramener ma fille dans le droit chemin et ce ne serait pas seulement en lui confisquant son cellulaire pour une semaine ou en l’empêchant d’aller sur Internet pendant trois jours! Jamais je ne blâmerais les
profs, les intervenants scolaires ou le gouvernement pour les agissements de ma fille. Et si je ne peux la « ramener » sur le droit chemin, je n’aurais que moi à blâmer!

Mais si au contraire, ma fille était la victime, l’intimidée, là aussi je serais une vraie lionne! Jamais on ne me verrait apparaître dans une publicité sur l’intimidation, demandant l’aide du gouvernement. Jamais on ne m’entendrait raconter que j’ai rencontré la direction de l’école et que, devant leur refus de m’aider, je n’ai plus su quoi faire. Jamais j’attendrais après les intervenants pour agir. Si ma fille
subissait ce que plusieurs jeunes doivent subir jour après jour à l’école, il y aurait des bureaux qui «orvolleraient» et des tapes sur la gueule qui se donneraient! Ce n’est pas la solution tu crois? Répondre à la violence par la violence, ce n’est pas bien tu penses? Parles-en à la mère de la jeune
Marjorie qui sera enterrée dans les prochains jours… Sans vouloir en rajouter sur sa peine et son
drame, je crois que d’attendre que d’autres interviennent, ce n’est pas la solution. Les parents des jeunes intimidateurs ne veulent pas prendre en charge leurs gamins?? Soit! Mais moi, je prendrais toutes les méthodes possibles et inimaginables pour que jamais je ne sois confrontée au suicide de mon enfant. Et quand je dis «toutes» les méthodes, c’est réellement « TOUTES » les méthodes!

Dans le fond, ce que j’essaie de te faire comprendre, c’est qu’il faut que le parent assume son travail de parent et qu’il commence à se «mêler» de la vie de son jeune. Il faut l’applaudir quand il réussit, il faut l’aider quand il a de la difficulté et il faut le ramener quand il s’éloigne du droit chemin. Tu sais, quand j’étais plus jeune, j’ai occupé les deux rôles : la victime au primaire et l’intimidatrice au secondaire. Ma sœur également. Je me rappelle une fois où je planifiais au téléphone, avec une amie, un mauvais coup à faire à une autre ado (oui oui… tu as bien lu… au téléphone!!! Les réseaux sociaux n’étaient pas inventés! Je suis vieille tu sais!) Mon père avait intercepté ma conversation en écoutant avec un autre téléphone. Je me rappelle encore très bien le voir débouler dans ma chambre en furie, arrachant
mon téléphone du mur et sautant dessus à pied joint en me disant que plus jamais je n’aurai le droit d’avoir un téléphone dans ma chambre puisque je m’en servais à mauvais escient. Et ça, c’est
sans compter les trois semaines de punition où je fus interdis de sortie! Mais d’un autre côté, j’ai également le souvenir de mon papa, ramassant un jeune par le collet devant chez moi et l’accrochant après un lampadaire puisque ce dernier avait écœuré ma sœur car elle avait un problème de poids. Le
jeune con s’amusait à faire pleurer ma sœur depuis plusieurs semaines déjà et ce fût LA fois de trop. Mon père avait tellement été « convaincant » dans sa colère et dans ses méthodes que le connard et ses amis n’ont plus jamais achalé ma sœur. Tu vois que je sais de quoi je parle!

Maintenant, le travail qu’il te reste à faire, c’est de réfléchir… Tu ne peux plus nier que l’intimidation existe et que cela a prit des proportions incroyables! Tu ne peux plus continuer de faire comme si cela n’existait pas. Que tu sois le méchant, la victime ou simplement le jeune qui regarde cela en silence, sans s’interposer, de peur des représailles. Tu dois agir… Et le suicide n’est pas la solution! Si tes parents ont oublié de t’élever ou de te défendre, sois maintenant le plus intelligent du groupe. Tu arrives bientôt à l’âge adulte? Commence déjà à le démontrer! La cigarette, c’est tellement
« out »! Tout comme les jeans trop amples ou les cellulaires qui ne prennent pas de photo. Pourquoi n’ajoutes-tu pas l’intimidation dans ta liste d’affaires « trop connes »? Et stp, fais lire ce texte à ta mère de 44 ans qui est directement la cible de mes critiques. Car je crois que cette génération de parent ne récolte que ce qu’elle a semé.

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