dimanche 24 octobre 2010

La Faucheuse

Je n'ai pas peur de grand chose. Ce n'est pas pour faire ma "tough" mais j'ai toujours été comme cela. Je me promène le soir dans la rue, je prends l'avion aisément et je tue mes araignées toute seule comme une grande! Non, pas peur de grand chose, la fille sauf une seule: la mort! J'ai une phobie incontrôlable de la mort. J'y pense souvent. Je la crains autant pour moi que pour les gens qui m'entourent. Et dans ces temps-ci, j'ai l'impression qu'elle rode...

Pourtant, je suis croyante. Je ne devrais donc pas m'inquiéter de ma mort car je sais que ce sera le début d'une vie encore plus grande et plus magnifique que celle-ci. Je sais où mon âme ira quand mon corps aura décidé d'abandonner la partie. Si ma peur n'est pas du "après" ma mort, elle n'est pas du "avant" non plus (souffrir ou perdre l'esprit) puisque je sais qu'avec la médication, on peut facilement abréger la souffrance. Non, ma phobie réside dans le "pendant". Quand le corps commence à s'éteindre, quand la respiration devient de plus en plus absente. Qu'est-ce qui se passe? Est-ce qu'on se rend compte de ce qui nous arrive ou sommes-nous déjà ailleurs? Juste d'y penser, le poil me dresse!

Mais encore plus que ma mort, j'ai peur de celle des autres. Je crois que s'il y a une chose de désagréable avec l'amour, c'est cette pensée qui nous hante de perdre l'être aimé. Depuis la naissance de ma fille, c'est incroyable! Si je perdais ce petit être, j'en deviendrais folle. Même chose pour mon amoureux. De m'imaginer un instant qu'il puisse partir prématurément et que nous ne puissions vivre nos vieux jours ensemble me fait frémir!

Et puis il y a mes parents. Si moi je vieillis, mes parents font de même. Ils avancent en âge et bien que les miens soient encore relativement jeunes (ils sont encore tous les deux dans la cinquantaine), je sais qu'ils ne sont pas éternels. J'ai l'impression que je dois profiter de chaque instant avec eux, que je dois les voir le plus souvent possible avant que la fin arrive. On a beau avoir des enfants et se faire notre propre petite famille, on reste toujours la fille ou le fils de quelqu'un. Je reste la "pitounne" de mon père et de ma mère et j'ai l'impression d'avoir autant besoin d'eux que quand j'avais 10 ans. Est-ce qu'on fini par se faire à l'idée qu'un jour, on deviendra orphelin? Pas capable...

Finalement, il y tous les autres qui nous entourent. Nos frères et soeurs, neveux et nièces. Il y a les amis proches et les connaissances plus lointaines. Il y a ceux qui partent de cause naturelle et ceux qui décident d'en finir. Il y a celles qui "attrapent" un cancer ou une maladie du coeur soudainement et il y a les autres qui souffrent longtemps. Il y a ceux qui décèdent en nous laissant un immense chagrin et les autres pour qui nous trouvons que c'est un soulagement car leur mort nous semble libératrice.

Je ne sais pas pourquoi mais j'y pense beaucoup. Est-ce parce que la mort a frappé dans mon entourage dernièrement et ce, sans prévenir? Peut-être... Est-ce parce que j'aime trop les gens qui m'entourent? Sûrement. Ce qui est certain c'est que j'ai peur de manquer de temps pour profiter des gens que j'aime. Je crains de "rater" des moments importants de leur vie et qu'ils ratent les miens si je pars trop vite. Mais surtout, j'ai peur de ne pas savoir "dealer" avec le deuil de quelqu'un qui m'est cher...

Je sais, je sais... Vous allez me dire de profiter de chaque moment, de mordre à pleine dent dans la vie puisque cette dernière est, à toute fin pratique, assez courte. Mais vous savez comme moi que ce n'est pas toujours possible. Chacun a ses obligations, sa routine, son quotidien. Pas toujours facile d'intégrer la phrase "profiter de la vie et des gens qu'on aime" dans le journalier "métro-boulot-dodo"! Et moi, bin ça ne calme pas ma phobie!

La seule chose que je peux faire c'est de ne pas "m'enfarger din fleurs du tapis", comme dirait ma mère. De laisser de côté les détails inutiles qui nous font perdre du temps, d'ignorer les gens sans intérêt à mes yeux et de ne pas me museler par crainte du jugement ou du regard. C'est un peu ma façon à moi de combattre ma phobie et de faire un pied-de-nez à la Grande Faucheuse.

Je me relis et je me dis que plusieurs d'entre vous me donneront le numéro de téléphone d'un bon psy (Inutile! J'en ai un!!!) mais mon texte n'a rien de déprimant. La mort fait partie du cycle de la vie et comme je réfléchis sur à peu près tous les sujets qui la concerne... Alors dites moi comment vous voyez la mort? Êtes-vous aussi "freak" que moi ou avez-vous un côté beaucoup plus serein? Pensez-vous à ce genre de chose ou, au contraire, essayez vous de mettre tout ça dans le fin fond de votre pensée? Avez-vous eu des expériences de grand deuil? Partagez et permettez moi de cheminer.

Karine-qui-n'a-pas-hâte-de-manger-les-pissenlits-par-la-racine-même-si-c'est-super-bon-en-salade!

lundi 18 octobre 2010

Thank you Johnny!

Ce soir, mon coeur de francophone est triste. Moi, qui est fière de vivre dans cette belle province qu'est le Québec. Qui est fière de parler cette superbe langue qu'est le français. Oui, ce soir, j'entrevois le début de la fin, cette fin que plusieurs d'entre nous prédisaient. La fin du français au Québec.

Il y a toujours eu des pour et des contre face à la souveraineté du Québec. Il a toujours existé un débat linguistique ici. Chacun a sa vision, son opinion. Par contre, s'il y a une chose sur laquelle la majorité de la population québécoise s'accorde, c'est bien l'importance de parler le français et ce, toutes allégeances politiques confondues. Nous avons cette chance, ici, de nous distinguer par notre héritage linguistique, notre culture francophone face aux nombreux unilinguistes anglophones qui nous entourent. Pour la plupart d'entre nous, nous avons l'immense privilège de maîtriser le français et l'anglais, donc de pouvoir se respecter en tant que francophone mais également de travailler, de voyager et de converser dans la langue universelle qu'est l'anglais.

Depuis des années déjà, nous nous battons pour garder cette unicité, faire découvrir aux nouveaux arrivants la langue de Molière et convaincre nos jeunes de l'importance de bien parler et écrire notre français. Dernièrement, cette ferveur que nous avions à nous faire respecter s'est quelque peu atténuée, en grosse partie dû à nos élus qui ne font rien, qui ne s'insurgent plus.

Mardi prochain, le gouvernement libéral fera passer le projet de loi 115, permettant les écoles "passerelles", entre autre. Cette loi modifiera la Charte de la langue française et l'application du principe de l'enseignement en français au Québec. Un parent riche pourra envoyer son enfant dans une école privée anglophone pendant trois ans pour qu'ensuite, il soit éligible à l'école publique anglophone. Ex: Comme je ne suis pas anglophone, que je n'ai pas fait mes études uniquement en anglais et que je ne suis pas née dans une province anglophone, ma fille doit obligatoirement, si je veux qu'elle fréquente l'école publique, faire ses études en français. Avec cette nouvelle loi, un parent comme moi pourra contourner cette règle en envoyant son enfant à l'école anglophone privée pendant trois ans. Il pourra ensuite inscrire son enfant à l'école PUBLIQUE anglophone. En bref, avec de l'argent, certains pourront s'acheter le droit de ne pas apprendre la langue OFFICIELLE de cette province.

Voulez-vous bien m'expliquer qu'est-ce qui se passe avec ce gouvernement? Celui là même qui est censé représenter le peuple en entier et non pas seulement un groupe de lobbyistes anglais qui s'obstine à ne pas vouloir se plier aux règles et aux lois du Québec? La troupe à Charest s'entête à ne pas écouter son électorat, à faire tout le contraire de ce que l'on demande. Nous voulions une commission d'enquête sur le domaine de la construction, il ne l'a pas fait. Nous voulions seulement avoir la version de Marc Bellemare, sans plus. Charest fout des millions de dollars à l'eau en commission d'enquête sur le processus de nomination des juges. Et là, même si 36 des 43 mémoires, qui devaient être présentés en commission parlementaire, sont contre le projet de loi 115, notre cher Premier Ministre va de l'avant tout en bâillonnant l'opposition. Est-ce qu'il y a quelqu'un qui pourrait envoyer au "pas-si-honorable-que-ça" Johnny un Petit Larousse avec la définition du mot "démocratie" surlignée en rose nananne?

Nous sommes uniques. Nous sommes différents. Et grâce à cette différence, nous nous démarquons. Je ne comprends pas que certains s'obstinent à ne pas vouloir se rallier au gros bon sens. Pourquoi ne pas vouloir apprendre le français? Pourquoi ne pas vouloir respecter le choix de société, qui a été fait il y a plusieurs décennies déjà, qu'est de vivre, travailler et étudier en français? Cela n'empêche pas d'apprendre d'autres langues. J'ai moi-même étudié dans une école bilingue, en plus d'apprendre l'espagnol à temps perdu quelques années plus tard. J'ai la richesse et la chance de pouvoir comprendre environ 75% de la population mondiale sans pour autant renier qui je suis fondamentalement.

Je suis francophone. Je parle français à la maison. J'ai des amis qui sont Grecs, Italiens et Portugais. Eux, c'est leur langue maternelle qu'ils parlent avec leurs parents et enfants. Et quand je les visite, j'entends toutes les beautés de ces langues que je ne comprends pas tout à fait. Mes amis transmettent à leurs enfants l'héritage de leur culture comme moi, je transmettrai à ma fille le bonheur que je ressens quand j'entends Ferland ou Leclerc, quand je lis Marie Laberge ou Arlette Cousture, quand je vais à la cabane à sucre ou que je vois une pièce de Tremblay. Par contre, quand nous sortons hors de nos chaumières, la Chouinard que je suis veut discuter avec les Mendes, Nguyen et Amato dans la langue commune de ce pays, soit le français. Car pour pouvoir se comprendre entre différentes cultures et pour pouvoir apprendre à vivre ensemble dans le respect, il nous faut partager une langue commune, celle qui est officielle là où l'on vit. Si on encourage l'enseignement anglophone, comment nos enfants pourront-ils apprendre à se comprendre?

Ce projet de loi est une porte ouverte à l'assimilation. Bien sûr, pour l'instant, cela sera infime comme répercussion mais qu'est-ce que ce sera dans 20 ou 30 ans? Si nous permettons cette loi maintenant, quelle sera la prochaine étape? Et quel message envoyons nous aux générations futures? Le message qu'avec de l'argent, nous pouvons déroger de la majorité et faire comme bon nous semble sans respect pour celle-ci. Et la majorité de cette province, c'est vous et moi.

Mettons nos culottes et insurgeons nous contre ce gouvernement qui fait à sa tête et qui semble privilégier quelques riches à la population moyenne que nous sommes. Faites passer le message, parlez-en et faites connaître votre grogne. C'est l'avenir de votre culture et de votre langue qui en dépend.

Karine-qui-pense-vraiment-se-présenter-aux-prochaines-élections!!

vendredi 8 octobre 2010

Quand l'affection peut tuer votre rejeton!

Fallait j'en parle! J'ai rarement lu pareille aberration!

Hier, Papa, Maman et Poupoune se rendent au CLSC, vaccination oblige! Pendant que l'infirmière se préparait à mutiler les cuisses de ma fille, j'ai remarqué une affiche sur le mur nous avertissant des "dangers" de mettre la suce de bébé dans la bouche de l'adulte (vous savez, ce truc vieux comme la Terre qui consiste à se mettre la sucette dans la bouche au lieu d'aller la rincer pour enlever la poussière quand la-dite sucette tombe par terre pour la 872ième fois!), de partager ses ustensiles avec son rejeton et même, d'embrasser bébé sur la bouche! Selon l'alarmante mise en garde, nous, adultes maudits, pourrions transmettre des vilaines bactéries à notre poupon et lui causer... des caries!!!

Quelques "ah bin cliss!" et deux ou trois roulements de yeux plus tard, je me disais que cette folie de surprotection envers les enfants valait bien un petit texte sur mon blogue. Et enfin, on ne peut plus me fatiguer les oreilles avec l'éternel "Attends d'avoir des enfants, tu comprendras notre inquiétude de mère" parceque TADAM! J'ai maintenant un bébé!!!!!

Ok, je l'avoue! Avoir un enfant change complètement notre perception de la vie. Il y a réellement des sentiments qu'on ne connaît qu'avec l'avènement d'un bébé (désolée les non-maman! Je ne croyais jamais dire ça un jour mais bon... c'est vrai!). À la minute où ce monstre-à-pleurs-et-à-chiasses sort de notre "tunnel d'amour" (et le scrappe, par le fait même!), l'inquiétude, la culpabilité et les remords embarquent! C'est hallucinant! Et pourtant, je suis assez terre-à-terre comme fille... et malgré tout, je ne peux m'empêcher d'aller vérifier cinq fois par nuit si ma fille respire!

Mais là, il ne faut quand même pas devenir fou! Vous connaissez déjà ma haine intense envers les parents qui parlent à leurs enfants comme à des demeurés ("Il faut leur apprendre à bien prononcer voyons!"), qui demandent, à grands coups de "s'il vous plaît", à leur rejeton de trois ans de ne pas frapper la petite voisine ou de cesser de "garrocher" des haltères par les fenêtres (j'ai hâte de "ramasser" le parent qui n'aura pour réaction que de dire "SVP Gael-Alexandre, pourrais-tu cesser de frapper en plein visage la petite fille?" au lieu de l'arrêter immédiatement quand la petite fille en question sera la mienne!!), qui font un exposé oral à leur bambin pour lui expliquer pourquoi il ne peut pas manger quatre tablettes de chocolat avant le souper (quand une réponse courte avec une simple explication claire aurait fait l'affaire!) et qui répondent à la moindre demande et au moindre pleur de caprice par peur de "traumatiser" leur poupon!

Sauf que cette fois, cela dépasse l'entendement! L'affiche me disait donc de ne pas embrasser ma fille sur la bouche car je pouvais lui transférer des bactéries et des microbes! Et que dire de cette habitude, pratiquement mortelle, que j'ai de me foutre la suce dans la bouche au lieu de me "garrocher" à l'évier pour la rincer avant de la remettre dans la "trappe-à-fromage" de ma fille qui hurle dès que sa suce tombe! Peut-être que je devrais lui coller la sucette sur la bouche avec du "duct tape"!!! Drastique comme formule mais au moins, j'éviterais de polluer l'intérieur de ma poupoune avec des maudites bactéries!

Sérieusement, je comprends que certaines méthodes ancestrales soient désuètes. Je comprends que la médecine et les soins de santé aient évolué et qu'il y a des pratiques que nos mères avaient qui soient passé de mode mais depuis quand embrasser un enfant devient-il dangereux? Je le dis et je le redis: je n'ai pas été allaité, mes parents m'embrassaient partout, j'ai un album complet de photos de moi nue comme un ver, mes biberons n'ont pas été stérilisé à chaque fois et pourtant, je mesure 5'10", je suis en parfaite santé et le p'tit gars du Jean Coutu n'a jamais appelé la police pour leur dire que mes parents étaient des pédophiles!!

Voulez-vous vous calmer le pompon, chers experts de la santé et nouveaux parents? Comment se fait-il que ce soit également un premier enfant pour moi, que j'ai aussi passé des moments à l'hôpital avec ma fille mais que je sois capable de faire la part des choses? Je sais que je ne réinventerai pas la maternité, que les bons vieux trucs sont parfois bons et parfois inutiles et que embrasser son enfant n'a JAMAIS tué personne!

Je regarde certains enfants autour de moi, dans les parcs et dans les endroits publics et je me dis que cette nouvelle tendance à vouloir rejeter les "anciennes méthodes", à traiter l'enfant comme un adulte, à ne jamais sévir par peur des traumatismes et à craindre les microbes partout ne fait vrrrrrrrrrrrraiment pas des enfants "endurables"!!

P.S: En passant, aujourd'hui aux nouvelles, on apprenait qu'il s'est vendu 16 millions de pilules de Ritalin en six mois au Québec! C'est bizarre... J'ai comme l'impression qu'un peu plus d'implication de la part des parents, qu'un peu plus de discipline, d'encadrement et d'affection éliminerait au moins la moitié de ce nombre astronomique de drogues avec lesquelles on bourre nos enfants!

Encore une fois, on reste "groundé" tout le monde!

Karine-qui-payera-des-soins-dentaires-en-quantité-industrielle-mais-qui-ne-s'empèchera-jamais-de-bécotter-sa-poupoune-partout!