lundi 18 octobre 2010

Thank you Johnny!

Ce soir, mon coeur de francophone est triste. Moi, qui est fière de vivre dans cette belle province qu'est le Québec. Qui est fière de parler cette superbe langue qu'est le français. Oui, ce soir, j'entrevois le début de la fin, cette fin que plusieurs d'entre nous prédisaient. La fin du français au Québec.

Il y a toujours eu des pour et des contre face à la souveraineté du Québec. Il a toujours existé un débat linguistique ici. Chacun a sa vision, son opinion. Par contre, s'il y a une chose sur laquelle la majorité de la population québécoise s'accorde, c'est bien l'importance de parler le français et ce, toutes allégeances politiques confondues. Nous avons cette chance, ici, de nous distinguer par notre héritage linguistique, notre culture francophone face aux nombreux unilinguistes anglophones qui nous entourent. Pour la plupart d'entre nous, nous avons l'immense privilège de maîtriser le français et l'anglais, donc de pouvoir se respecter en tant que francophone mais également de travailler, de voyager et de converser dans la langue universelle qu'est l'anglais.

Depuis des années déjà, nous nous battons pour garder cette unicité, faire découvrir aux nouveaux arrivants la langue de Molière et convaincre nos jeunes de l'importance de bien parler et écrire notre français. Dernièrement, cette ferveur que nous avions à nous faire respecter s'est quelque peu atténuée, en grosse partie dû à nos élus qui ne font rien, qui ne s'insurgent plus.

Mardi prochain, le gouvernement libéral fera passer le projet de loi 115, permettant les écoles "passerelles", entre autre. Cette loi modifiera la Charte de la langue française et l'application du principe de l'enseignement en français au Québec. Un parent riche pourra envoyer son enfant dans une école privée anglophone pendant trois ans pour qu'ensuite, il soit éligible à l'école publique anglophone. Ex: Comme je ne suis pas anglophone, que je n'ai pas fait mes études uniquement en anglais et que je ne suis pas née dans une province anglophone, ma fille doit obligatoirement, si je veux qu'elle fréquente l'école publique, faire ses études en français. Avec cette nouvelle loi, un parent comme moi pourra contourner cette règle en envoyant son enfant à l'école anglophone privée pendant trois ans. Il pourra ensuite inscrire son enfant à l'école PUBLIQUE anglophone. En bref, avec de l'argent, certains pourront s'acheter le droit de ne pas apprendre la langue OFFICIELLE de cette province.

Voulez-vous bien m'expliquer qu'est-ce qui se passe avec ce gouvernement? Celui là même qui est censé représenter le peuple en entier et non pas seulement un groupe de lobbyistes anglais qui s'obstine à ne pas vouloir se plier aux règles et aux lois du Québec? La troupe à Charest s'entête à ne pas écouter son électorat, à faire tout le contraire de ce que l'on demande. Nous voulions une commission d'enquête sur le domaine de la construction, il ne l'a pas fait. Nous voulions seulement avoir la version de Marc Bellemare, sans plus. Charest fout des millions de dollars à l'eau en commission d'enquête sur le processus de nomination des juges. Et là, même si 36 des 43 mémoires, qui devaient être présentés en commission parlementaire, sont contre le projet de loi 115, notre cher Premier Ministre va de l'avant tout en bâillonnant l'opposition. Est-ce qu'il y a quelqu'un qui pourrait envoyer au "pas-si-honorable-que-ça" Johnny un Petit Larousse avec la définition du mot "démocratie" surlignée en rose nananne?

Nous sommes uniques. Nous sommes différents. Et grâce à cette différence, nous nous démarquons. Je ne comprends pas que certains s'obstinent à ne pas vouloir se rallier au gros bon sens. Pourquoi ne pas vouloir apprendre le français? Pourquoi ne pas vouloir respecter le choix de société, qui a été fait il y a plusieurs décennies déjà, qu'est de vivre, travailler et étudier en français? Cela n'empêche pas d'apprendre d'autres langues. J'ai moi-même étudié dans une école bilingue, en plus d'apprendre l'espagnol à temps perdu quelques années plus tard. J'ai la richesse et la chance de pouvoir comprendre environ 75% de la population mondiale sans pour autant renier qui je suis fondamentalement.

Je suis francophone. Je parle français à la maison. J'ai des amis qui sont Grecs, Italiens et Portugais. Eux, c'est leur langue maternelle qu'ils parlent avec leurs parents et enfants. Et quand je les visite, j'entends toutes les beautés de ces langues que je ne comprends pas tout à fait. Mes amis transmettent à leurs enfants l'héritage de leur culture comme moi, je transmettrai à ma fille le bonheur que je ressens quand j'entends Ferland ou Leclerc, quand je lis Marie Laberge ou Arlette Cousture, quand je vais à la cabane à sucre ou que je vois une pièce de Tremblay. Par contre, quand nous sortons hors de nos chaumières, la Chouinard que je suis veut discuter avec les Mendes, Nguyen et Amato dans la langue commune de ce pays, soit le français. Car pour pouvoir se comprendre entre différentes cultures et pour pouvoir apprendre à vivre ensemble dans le respect, il nous faut partager une langue commune, celle qui est officielle là où l'on vit. Si on encourage l'enseignement anglophone, comment nos enfants pourront-ils apprendre à se comprendre?

Ce projet de loi est une porte ouverte à l'assimilation. Bien sûr, pour l'instant, cela sera infime comme répercussion mais qu'est-ce que ce sera dans 20 ou 30 ans? Si nous permettons cette loi maintenant, quelle sera la prochaine étape? Et quel message envoyons nous aux générations futures? Le message qu'avec de l'argent, nous pouvons déroger de la majorité et faire comme bon nous semble sans respect pour celle-ci. Et la majorité de cette province, c'est vous et moi.

Mettons nos culottes et insurgeons nous contre ce gouvernement qui fait à sa tête et qui semble privilégier quelques riches à la population moyenne que nous sommes. Faites passer le message, parlez-en et faites connaître votre grogne. C'est l'avenir de votre culture et de votre langue qui en dépend.

Karine-qui-pense-vraiment-se-présenter-aux-prochaines-élections!!

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