Cher dérangeur...

Je n'ai pas connu la moitié de votre parcours. Vous étiez déjà assez âgé quand j'ai eu la maturité de comprendre vos discours et vos combats. Par contre, en citoyenne avertie et consciente que je suis, j'ai lu sur vous et j'ai été à l'écoute de vos dernières revendications. Parfois j'ai ris, d'autres fois j'ai trouvé que vous exagériez. Mais j'ai souvent trouvé que vous aviez raison. Dans votre cas, il ne fallait pas s'arrêter au contenant mais bien comprendre le contenu. Derrière les brusqueries, la verve colorée et le joual, il y avait un message rassembleur, socialiste et révolutionnaire.

Bien sûr, j'ai une pensée un peu moins gauchiste que la vôtre. Je crois être influencé par ma génération. Une génération plus tempérée, moins drastique. Et pourtant, je ne suis pas certaine que c'est la bonne solution. Il n'y en a plus des comme vous pour se lever, s'indigner et se battre. Pour défendre le peuple qui, trop souvent, subit de l'injustice. Et c'est cela qui me peine le plus avec votre départ... Vous n'aurez pas vécu assez longtemps pour voir une ou deux personnes de ma génération prendre votre relais, continuer votre combat. La bataille des grands comme vous risque de ne pas continuer par manque de courage et par faute de temps. Peut-être aussi par désintéressement ou par individualisme. Je m'excuse au nom de ma génération.

J'ose espérer que vous ne deviendrez pas un simple personnage coloré que l'on se remémorera dans un cours d'histoire du secondaire. Je souhaite vraiment que le peuple se rappelle que vous n'aviez pas peur, que vous aviez des causes et que vous les avez embrassé jusqu'à la fin.

"J'ai peut-être un pied dans la tombe, mais l'autre, je suis encore capable de le lever assez haut pour botter le cul d'un ministre"

-Michel Chartrand, mars 2003

Au revoir, M. Chartrand