dimanche 14 février 2010

Tu te suicides ou tu retournes travailler, prise 2!

Une semaine que je n'ai pas écrit sur ce blogue. Une semaine que je rumine mon sujet, que j'attends que la frustration soit passée pour pouvoir trouver les mots justes. Une semaine que je revis, par l'entremise d'une grande amie, des moments bin plates! Je vais essayer de taire les noms, d'écrire ce texte avec classe... mais maudine que ça me tenterait de pointer du doigt publiquement!

Je vous ai déjà parlé du pourquoi de mon arrêt de travail (voir texte du 23 novembre 2009 intitulé "Tu te suicides ou tu retournes travailler") Je n'ai pas envie de tout raconter à nouveau. La seule chose que je veux dire c'est que, bien que les gens l'ignorent, les vols à main armée sont encore chose courante dans certaines succursales bancaires, spécialement dans la région du grand Montréal.

Quand mon drame est survenu, le soutient de la part de mon employeur fût à toute fin pratique absent. La vie devait continuer, me disait-on. Cela faisait partie des risques du métier. On attendait de moi, en bonne gestionnaire, que je passe par dessus tout ça et que je ramène mes troupes dans le bon chemin des ventes, des taux d'intérêt et des offres de cartes de crédit! Je devais gérer la crise, "dealer" avec les absences d'employés qui ne voulaient plus revenir travailler, continuer à diriger mes deux succursales et, bien sûr, participer à faire rentrer le "cash". Les actionnaires et autres patrons de banque n'attendent pas que ton cerveau veuille bien se remettre du choc... Le temps c'est de l'argent!

Quand j'ai quitté, quelques temps après mon cinquième vol, souffrant d'un stress post-traumatique et d'une dépression, ma patronne m'a remplacé par deux filles. La première a fini en burn out après environ 6 mois! La deuxième vient tout juste de tomber au combat!

Cette fille là, ce n'est pas seulement une ancienne collègue de travail. C'est MON amie! C'est une fille dynamique, talentueuse et qui, selon mon humble avis, était bien plus "faite" pour ce travail. Une personne dévouée qui a dû prendre les rênes là où je les avais laissé, sans préavis et sans expérience. Mais pour elle, c'était une chance! (et pour l'employeur aussi car elle coûtait beaucoup moins cher que moi! Ce qui, pour une gang de banquiers qui ne pensent qu'à l'argent, est un "must"!!) Et puis tout à coup, BANG! Trois "hold up" en un mois! C'est assez pour tomber!

Sans rentrer dans les détails, ma copine a eu droit à la même empathie de la part de la patronne que moi v'là deux ans. Des phrases comme "Inutile d'annuler notre meeting, la police est là... Les employé(e)s n'ont plus à avoir peur" ou bien "Bin là! Les vols font partit des risques. Si les employé(e)s ne sont pas capable de prendre la pression de ce risque, peut-être qu'ils devraient se trouver une autre job!" ou même "Là, faut quand même pas oublier que nous sommes en pleine campagne REER et que ta succursale est en retard dans ses objectifs!" Et tout ceci a été dit environ une heure après le vol à main armée!!!

C'est incroyable! Comment peut-on devenir aussi sans coeur au nom de l'argent, des objectifs, des bonus et du capitalisme? Comment une femme peut-elle dire à une autre femme, qui pleure de peur et d'anxiété, de telles atrocités? Comment une institution bancaire, employant plus de 3000 employé(e)s, peut fermer les yeux et endosser ces comportements? Notre société est-elle à ce point malade ou aveugler par le profit pour complètement oublier que nous travaillons avec des êtres humains?

Je me rappelle qu'une employée, considérée comme "à problème" par les gestionnaires de la banque, se battait pour obtenir un gardien de sécurité en succursale, question d'être sécurisée et que cela serve de dissuasion pour les voleurs. Évidemment, la réponse était que cela coûtait trop cher. Je me rappelle aussi avoir voulu instaurer une politique sur les mesures de sécurité, question d'apprendre aux employé(e)s quoi faire en cas d'urgence. La direction m'avait fait savoir qu'elle préférait ne pas alarmer les gens, que moins il en savait, mieux on se porterait. Bref, le proverbe disant qu'il vaut mieux prévenir que guérir était parfaitement inconnu par mes patrons.

Des exemples comme ceux-là, j'en ai des tonnes! Des phrases qui écoeurent, des mots qui blessent pour pouvoir tout ramener au profit. C'est à croire que la vie humaine ne vaut pas grand chose quand on est banquier et que l'on a des hypothèques à vendre ou une campagne REER à faire. Car oui, c'est de vies humaines que l'on parle ici! Un jour, il y aura un de ces voleurs armés qui trouvera que la caissière ne lui donne pas l'argent assez vite ou qui paniquera en entendant les sirènes de police et qui appuiera sur la gâchette de son revolver! Mais ça, dans la tête de mon ancienne patronne, c'est pas trop grave! Tant que le sang de la caissière ne tache pas le tapis tout neuf et que le voleur fasse une demande pour une carte de crédit avant de partir!

Je ne sais pas vraiment ce que je peux faire, concrètement, pour dénoncer ce genre de comportement. Je ne comprends pas pourquoi la CSST ne se met pas le nez dans cette merde. J'irais tellement crier mon indignation sur la place publique, j'avertirais la population sur ces pratiques de gestion complètement insensées. Je commence ici... Peut-être que je ferai de ce sujet, mon cheval de bataille! Peut-être que je partirai en croisade contre les pratiques douteuses des institutions bancaires!

Et dire que j'étais l'une de ceux-là. J'étais une "boss" qui, après un bon lavage de cerveau, a déjà répondu des atrocités à des employé(e)s craignant les vols à main armée ou autres actes de violence. Heureusement, la vie m'a fait comprendre que l'humain passe avant l'argent. Mon amie vient aussi de l'apprendre à ses dépends.

Karine-qui-rage-et-qui-pleure.

p.s: Ma chume, je pense à toi et je suis avec toi. Je t'aime!

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