"C'était un p'tit bonheur, que j'avais ramassé..."

Hier, durant l'heure du souper, une réflexion m'a traversé l'esprit. J'étais tout bonnement en train de couper des légumes pour le repas. Mon chum terminait de "monter" un meuble IKEA que nous avions acheté quelques heures plus tôt afin de terminer la déco de notre nouvelle demeure et ma belle-fille posait sa millionième question de la journée en écoutant Cornemuse. Je me disais, à cet instant précis, que je vivais exactement la vie que je me promettais de ne jamais vivre il y a trois ou quatre ans!

Il n'y a pas si longtemps, ma vie était complètement différente. Je vivais sur le Plateau Mont-Royal, dans un joli condo où se mêlait une cuisine rénovée ainsi que des murs de briques et des planchers de lattes qui craquent. Certains détails architecturaux, prouvant que l'immeuble approchait les 100 ans, agrémentaient le tout! J'avais une grosse job qui me permettait de travailler comme une folle et de passer beaucoup d'heures à me casser la tête! Je sortais beaucoup et collectionnais les aventures, certaines intéressantes, d'autres carrément plates! Ma vie était remplie d'ami(e)s (du moins, le pensais-je...), de sorties et d'apéros dans un petit resto branché de la rue Mont-Royal où nous étions devenues des habituées et où les serveurs nous faisaient la bise quand nous arrivions!

Bien sûr, je souhaitais rencontrer l'âme soeur. Je voulais rencontrer un gars un peu comme moi, avec une belle carrière et un look "Plateau". Pour les enfants, j'en savais trop rien. Dans mon for intérieur, j'en voulais mais je n'étais pas certaine de vouloir ralentir ma vie, de ne plus pouvoir voyager tous les hivers et de devoir imaginer mes seins pour autre chose qu'un objet sexuel! Pour moi, la pire des situations était le petit couple Costco! Vous savez, ce petit duo qui se tient par la main en faisant le tour du magasin, un dimanche après-midi et en se demandant si ça leur tentera de manger des côtes levées cette semaine car elles sont en spécial! Et ça, c'est sans parler du marmot dans le chariot qui morve ou qui pleure! L'horreur, quoi!

Et bien, hier soir, en faisant mon souper, j'ai pris deux minutes pour regarder ma cuisine équipée de mes nouveaux électros en inox que j'adore (oui oui! Pareil comme ma mère!), pour entendre mon chum (qui ne vient pas du Plateau et qui n'est pas banquier ou avocat!) s'énerver après le fameux meuble IKEA (que nous avions acheté plus tôt en après-midi, main dans la main, tout de suite après avoir fait l'épicerie où nous nous étions demandés si nous devions acheter un rôti de boeuf pour recevoir ma meilleure amie et sa famille pour souper samedi prochain...) et pour réfléchir aux quelques semaines qu'il me reste à attendre de voir la binette de mon poupon qui, j'espère, ressemblera à l'homme que j'aime tendrement!

Ces deux minutes de réflexion m'ont fait sourire. Tout ce que je reniais il n'y a pas si longtemps, je le chéris aujourd'hui. Je me suis vraiment dit à moi-même: "Ouin bin! Té heureuse, ma fille!" et j'ai recommencé à couper mes légumes car une voix provenant du salon m'a crié: "J'ai faim! Quand est-ce qu'on mange?" (Bon... ça peut pas être romantique tout l'temps non?)

Karine-qui-a-vraiment-changé!