lundi 18 janvier 2010

Le bureau des miracles est fermé!

Trois publications sur le désastre d'Haïti. Il est rare pour moi de parler d'un sujet si souvent mais là, la situation l'exige. Bien sûr, fidèle à mon style, je ne fais pas dans la complaisance, dans l'observation facile. J'essaie de garder un point de vue critique, de voir au delà du premier niveau, des images-chocs. Après l'émotion doit venir le côté rationnel. Et cette chronique n'y échappera pas.

Depuis quelques jours, j'entends, je lis et je regarde énormément de commentaires de gens d'ici qui sont touchés ou qui se sentent interpellés par la tragédie, qu'on soit d'origine haïtienne ou pas. Et il y en certains qui me font suer! Spécialement ceux qui critiquent la participation du Québec et du Canada dans cette vaste opération d'urgence.

Les paroles qui reviennent le plus souvent concernent la lenteur des processus pour approvisionner les démunis en eau, nourriture et autres vivres essentielles. Également, la lenteur pour rétablir la sécurité et l'encadrement dans la capitale haïtienne.

La terre a tremblé il y a six jours. Je sais très bien que six jours, c'est un long laps de temps quand on manque de tout et qu'on vit dans la rue (inutile de l'écrire dans les commentaires... Je suis blonde mais pas nounoune!) Mais malgré tout, six jours pour réagir, coordonner l'aide internationale, amasser des fonds et des vivres, planifier l'envoi de soldats et autres travailleurs humanitaires dans un pays où les routes sont détruites, l'aéroport congestionné et où il y a tant à faire, c'est déjà bien. À ce jour, 100 000 rations ont été distribué à la population. Il est évident que ce n'est pas assez, qu'il en faudra beaucoup plus mais au lieu de critiquer les efforts fournis jusqu'à maintenant, pourquoi ne pas féliciter ceux à venir?

Quand vous voyez les images, vous ne regardez qu'une infime partie de l'ampleur du désastre. Imaginez ce que doivent affronter les travailleurs humanitaires quand ils arrivent là-bas? Il n'y a que 24 heures dans une journée... Peuvent-ils vraiment faire plus de miracles qu'ils en font présentement? Le gouvernement haïtien lui-même est détruit, commence tout juste à se réorganiser et il connaît le pays mieux que quiconque. C'est la même chose pour la police locale. Et vous, ici, dans vos salons, vous voudriez que toute la population ait déjà mangé, que les hôpitaux soient reconstruis et que les routes soient dégagées? Bien voyons!

Même chose pour l'immigration. Le Canada a déjà annoncé qu'il assouplirait ses règles d'immigration face à Haïti pour rester la terre d'accueil de choix que nous sommes déjà pour les gens de ce pays. Mais encore là, selon certains, ce n'est pas assez! Vous croyez vraiment que l'on peut tous les accueillir, que l'on peut rapatrier tout le monde en si peu de temps? Bien sûr, il est infiniment triste de voir certains Canadiens d'origine haïtienne revenir au pays en laissant là-bas des membres de leur famille étendue qui n'avaient pas de statut dans notre pays mais ce sont les lois!! Sans ces lois, ce serait le chaos! Et cette situation amène assez de chaos comme ça sans qu'on doive en rajouter à nos frontières. Je trouve déplorable que l'on critique les gens de l'ambassade canadienne à Haïti parce qu'ils font simplement leur travail, du mieux qu'ils le peuvent, dans la situation actuelle.

Haïti était déjà un pays assez désorganisé avant le séisme. C'est à croire que plusieurs l'ont déjà oublié! On ne peut demander à la coalition internationale de répondre à tous les besoins urgents en moins d'une semaine. Je crois qu'il faut plutôt saluer tous les efforts et les gestes généreux qui proviennent du monde entier. Et je crois que le Canada, et le Québec en particulier, est vraiment un exemple de solidarité avec cette population que l'on connaît et côtoie depuis longtemps.

Montréal sera l'hôte de la consultation internationale sur la reconstruction de Haïti, dans quelques mois. Car bien que ce pays ait besoin d'aide immédiate, ce sera encore le cas dans les mois qui suivront. Gageons que les nombreux "larmoyeurs" qui gueulent sur la lenteur des procédures d'aide (et sur mes commentaires qui, selon eux, sont insensibles!!!) ne se rappelleront même plus de cette tragédie et seront retournés à leur programmation régulière, bien assis "sul" sofa avec leur gros sac de croustilles!

Karine-la-rationnelle

1 commentaire:

  1. Six jours, c'est un long laps de temps quand on manque de tout et qu'on vit dans la rue.

    SC

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